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Bibliothèque virtuelle Henri Labrouste

15 avrilOn termine de régler le fond des rigoles dans la grande fosse. On fait les dispositions pour descendre le béton. Théodore1 est venu et pense comme moi qu’il était inutile de descendre plus bas. Le sol quoique noir est dur, sans mélange et n’a jamais été fouillé.
16 avrilOn commence à descendre le béton dans les rigoles de la grande fouille. On a apporté une sapine pour descendre les libages2.
17 avrilOn continue le béton dans la grande fosse et on lève la sapine qui doit servir à descendre les libages.
18 avrilOn a continué comme la veille.
19 avrilOn a descendu le 1er libage dans la grande fosse. On continue le mur de refend au midi et la démolition des fondations à l’angle de la rue des Sept-Voies.
20 avrilOn continue la pose des libages dans la grande fosse. J’ai été chez M. Hachette3 qui n’y était pas. Son chef de bureau m’a dit que le nivellement de la place serait changé (14 centimètres environ). On a payé le loyer de la maison de l’angle de la rue des Cholets à M. Blanchard. On a donné à M. Lefaure un attachement de 55 journées à 6 F4.
21 avrilDimanche. On a continué j’ai été absent (à Villiers-le-Bel5).
22 avrilOn continue la pose des libages, etc.
23 avrilOn continue la maçonnerie en moellon dans la grande fosse au-dessus des libages.
24 avrilOn continue la maçonnerie.
25 avrilOn pose l’assise en pierre dans la grande fosse au-dessus du premier mètre de maçonnerie. On fait le remblai.
26 avrilOn continue la maçonnerie dans la grande fosse.
27 avrilOn continue comme la veille. J’ai été chez M. Hachette qui n’y était pas ; je lui ai remis une lettre pour [...]

1. Théodore Labrouste : frère aîné d’Henri Labrouste, comme lui barbiste, architecte et prix de Rome  ; constructeur, en collaboration avec son frère, du nouveau collège Sainte-Barbe (1840-1841).

2. [Ce même jour] Le projet de médaille dessiné par Jules Klagmann est accepté (Arch. nat., F/21/1363).

3. Amédée Hachette, ingénieur du Pavé.

4.  Le salaire ordinaire des maçons passe, entre 1830 à 1847, de 3,50 F à 4 F, celui du tailleur de pierre de 3,50 F à 4,50 F. […] Dans le Paris des années 30-40, la durée de la journée de travail est fréquemment de 12 à 13 heures, parfois davantage  (Philippe Vigier, Paris pendant la Monarchie de Juillet…, Paris, Hachette, 1991, p. 302 et 304). E. Levasseur (Histoire des classes ouvrières et de l’industrie en France de 1789 à 1870, Paris, 1904, II, p. 328-329) cite l’Enquête du Comité du travail de l’Assemblée constituante sur le travail agricole et industriel issue du décret du 25 mai 1848, qui indique pour le secteur global du bâtiment des salaires échelonnés entre 0,50 et 10 F, pour une moyenne de 3.81 F et précise que  les poseurs ont 5 francs, les maçons ont de 4 francs à 4.25 francs ; les terrassiers 3.25 F à 3.50 F ; les limousins 2.40 F à 2.50 F ; la journée est de 10 heures . Voir aussi le tableau donné par B. Mignard (Guide des constructeurs, ou Traité complet des connaissances théoriques et pratiques relatives aux constructions…, Paris, Chez l’auteur, 1847, I, p. 173) : scieur de pierre = 4.50 francs, tailleur de pierre = 4.50 F, poseur = 4 F, contre-poseur = 3.75 F, compagnon maçon = 4.50 F, limousin = 3.25 F, bardeur = 2.50 F, garçon ordinaire = 2.50 F, garçon servant les limousins = 2.50 F.

5. Labrouste travailla entre 1844 et 1847 à la restauration de l’église de Villiers-le-Bel (Val d’Oise). Cf. Archives de l’Académie d’architecture, Fonds Henri Labrouste, D. 1976, 116-117.